S'abonner

Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) : une cause génétique ? - 24/11/24

Doi : 10.1016/j.therap.2024.10.010 
Claire Lafay-Chebassier 1, 2, 3, Manel Nejdi 1, 2, Leana Can-Vetro 1, 2, Marcello Solinas 2, Stéphanie Pain 1, 2, 4,
1 Faculté de médecine et de pharmacie, université de Poitiers, 86000 Poitiers, France 
2 Laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques – Inserm : U1084, université de Poitiers, Inserm U1084, Inserm, 86000 Poitiers, France 
3 Service de génétique, CHU de Poitiers, 86000 Poitiers, France 
4 Centre d’addictovigilance, pharmacologie clinique et vigilances, CHU de Poitiers, 86000 Poitiers, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) est défini comme un syndrome récurrent de vomissements itératifs survenant chez des consommateurs chroniques de cannabis [1]. Le diagnostic de ce syndrome est uniquement basé sur des critères cliniques. La physiopathologie du SHC est encore inconnue et une augmentation du nombre de cas est observée depuis 2016 en France [2]. Il a été supposé que le SHC pouvait être associé à des polymorphismes génétiques conduisant à une surstimulation des récepteurs activés par les cannabinoïdes. Ainsi, une étude clinique Cannabinoid concentrations and hyperemesis syndrome occurrence in regular cannabis consumers (CANEMESE) a pour but d’étudier des variations génétiques chez des patients « SHC cas » vs des témoins afin de rechercher le risque de survenue du syndrome cannabinoïde.

Matériel et méthodes

Il s’agit une étude multicentrique cas-témoins. Différents polymorphismes génétiques ont été étudiés notamment sur les gènes codant le cytochrome P450 2C19, impliqué dans le métabolisme des cannabinoïdes exogènes dont le THC, et le récepteur transient receptor potential vanilloide 1 (TRPV1) intervenant dans les mécanismes nociceptifs. Trois polymorphismes du CYP2C19 : CYP2C19*2 (rs4244285, c.681G>A), CYP2C19*3 (rs4986893, c.636G>A) et CYP2C19*17 (rs12248560, c.-806C>T) ainsi que deux polymorphismes du récepteur TRPV1 : rs222747(c-945G>C) et rs879207 (c-3513T>C) ont été étudiés via la méthode de séquençage Sanger.

Résultats

Les polymorphismes CYP2C19*2, CYP2C19*3 et CYP2C19*17 ont été analysés sur 19 cas et 13 témoins. Pour CYP2C19*2, 68 % des cas étaient G/G et 32 % étaient G/A contre 62 % de G/G et 38 % de G/A chez les témoins. Pour CYP2C19*3, 100 % des patients étaient de génotype G/G. Pour CYP2C19*17, 63 % des cas étaient C/C et 37 % étaient C/T contre 69 % de C/C et 31 % de C/T chez les témoins. Concernant le polymorphisme rs222747de TRPV1 (analyse sur 13 cas et 5 témoins), 8 % des cas étaient G/G, 31 % étaient G/C et 61 % étaient C/C contre 60 % de G/C et 40 % de C/C chez les témoins. Pour l’analyse du polymorphisme rs879207 de TRPV1, sur 16 cas et 9 témoins, 50 % des cas étaient T/T, 37 % étaient T/C et 13 % étaient C/C contre 45 % de T/T, 22 % de T/C et 33 % de C/C chez les témoins.

Conclusion

Notre étude préliminaire a identifié des différences de fréquence génotypique entre les cas et les témoins pour certains polymorphismes en particulier du récepteur TRPV1 qui a pour ligands les cannabinoïdes, la capsaïcine et la chaleur. Étant donné qu’un traitement par capsaïcine et la prise de douches chaudes permettent de soulager les patients d’un SHC, le récepteur TRPV1 semble tout à fait intéressant à explorer pour en découvrir des variabilités génétiques qui expliqueraient chez certains consommateurs chroniques de cannabis la survenue d’un SHC. Ces résultats prometteurs restent à confirmer et à compléter par l’étude d’autres gènes, notamment CB1 et FAAH probablement impliqués également dans ce syndrome et dont les analyses sont en cours.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Syndrome hyperémèse cannabique, Cannabis, Étude clinique, Génétique


Plan


© 2024  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 79 - N° 6

P. 742 - novembre 2024 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Expérimentation du cannabis médical en France : retour sur trois années de veille d’addictovigilance et de pharmacovigilance
  • Cécile Chevallier, Basile Chrétien, Anne Batisse, Marine Auffret, Nathalie Richard, Emilie Monzon, Mehdi Benkebil
| Article suivant Article suivant
  • Complications sanitaires aiguës observées chez des consommateurs de GHB/GBL en région PACA
  • Salim Mezaache, Liselotte Pochard, Michel Spadari, Aude Larcheveque, Nicolas Fabresse, Amélie Daveluy, Elisabeth Frauger, Joëlle Micallef

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2025 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.