Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) : une cause génétique ? - 24/11/24
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Résumé |
Introduction |
Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) est défini comme un syndrome récurrent de vomissements itératifs survenant chez des consommateurs chroniques de cannabis [1 ]. Le diagnostic de ce syndrome est uniquement basé sur des critères cliniques. La physiopathologie du SHC est encore inconnue et une augmentation du nombre de cas est observée depuis 2016 en France [2 ]. Il a été supposé que le SHC pouvait être associé à des polymorphismes génétiques conduisant à une surstimulation des récepteurs activés par les cannabinoïdes. Ainsi, une étude clinique Cannabinoid concentrations and hyperemesis syndrome occurrence in regular cannabis consumers (CANEMESE) a pour but d’étudier des variations génétiques chez des patients « SHC cas » vs des témoins afin de rechercher le risque de survenue du syndrome cannabinoïde.
Matériel et méthodes |
Il s’agit une étude multicentrique cas-témoins. Différents polymorphismes génétiques ont été étudiés notamment sur les gènes codant le cytochrome P450 2C19, impliqué dans le métabolisme des cannabinoïdes exogènes dont le THC, et le récepteur transient receptor potential vanilloide 1 (TRPV1) intervenant dans les mécanismes nociceptifs. Trois polymorphismes du CYP2C19 : CYP2C19*2 (rs4244285, c.681G>A), CYP2C19*3 (rs4986893, c.636G>A) et CYP2C19*17 (rs12248560, c.-806C>T) ainsi que deux polymorphismes du récepteur TRPV1 : rs222747(c-945G>C) et rs879207 (c-3513T>C) ont été étudiés via la méthode de séquençage Sanger.
Résultats |
Les polymorphismes CYP2C19*2, CYP2C19*3 et CYP2C19*17 ont été analysés sur 19 cas et 13 témoins. Pour CYP2C19*2, 68 % des cas étaient G/G et 32 % étaient G/A contre 62 % de G/G et 38 % de G/A chez les témoins. Pour CYP2C19*3, 100 % des patients étaient de génotype G/G. Pour CYP2C19*17, 63 % des cas étaient C/C et 37 % étaient C/T contre 69 % de C/C et 31 % de C/T chez les témoins. Concernant le polymorphisme rs222747de TRPV1 (analyse sur 13 cas et 5 témoins), 8 % des cas étaient G/G, 31 % étaient G/C et 61 % étaient C/C contre 60 % de G/C et 40 % de C/C chez les témoins. Pour l’analyse du polymorphisme rs879207 de TRPV1, sur 16 cas et 9 témoins, 50 % des cas étaient T/T, 37 % étaient T/C et 13 % étaient C/C contre 45 % de T/T, 22 % de T/C et 33 % de C/C chez les témoins.
Conclusion |
Notre étude préliminaire a identifié des différences de fréquence génotypique entre les cas et les témoins pour certains polymorphismes en particulier du récepteur TRPV1 qui a pour ligands les cannabinoïdes, la capsaïcine et la chaleur. Étant donné qu’un traitement par capsaïcine et la prise de douches chaudes permettent de soulager les patients d’un SHC, le récepteur TRPV1 semble tout à fait intéressant à explorer pour en découvrir des variabilités génétiques qui expliqueraient chez certains consommateurs chroniques de cannabis la survenue d’un SHC. Ces résultats prometteurs restent à confirmer et à compléter par l’étude d’autres gènes, notamment CB1 et FAAH probablement impliqués également dans ce syndrome et dont les analyses sont en cours.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Syndrome hyperémèse cannabique, Cannabis, Étude clinique, Génétique
Plan
Vol 79 - N° 6
P. 742 - novembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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